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Monoski ...Seigneur du freeride
10 septembre 2007

ça chauffe sur les forums !

"Cela se passait dans une grange lugubre. Un alchimiste à poils longs travaillait méticuleusement une planche de bois et ricanait tel un démoniaque à cornes.
Il venait d'inventer une arme révolutionnaire.
Il venait d'unir les opposés pour créer l'unité. Plus rien ne serait jamais comme avant.
Ah ! Ah ! Ah ! Son rire effrayant continu à hanter les vallées isolées.

Depuis, certains disent avoir aperçu une ombre sur des pentes enneigées.
Des récits de voyageurs ont mentionné la présence d'un monstre à nageoire unique se faufilant parmi les séracs.
Mais quel est donc cette bête qui a terrifié les joyeux sports d'hiver et délivré le fluidre de la glisse terrestre ?
Le mangeur de pentes

La célébrité passe, le mythe reste. Le monoski a une sérieuse gueule de bois.
Il s'est pris une boîte de tous les diables en tentant le rêve d'Icare. C'est pourtant un si bel engin.
Fluide dynamique, sa conception attribuée à Mike Doyle est apparue sur les pentes savoyardes à la fin des années 70. D'après la légende, les premiers monos sont arrivés en 78 à Chamonix dans les bagages d'Yves Bessas et Maritxu après un séjour chez Doyle.

Ensuite, des furibars tels que Pierre Poncet, Alain Revel et Philippe Lecadre se sont emparé de la bête et ont entamé ce qui allait devenir ¬tout simplement- la révolution glisse.
Empreinte schizoglissenique

L'histoire du mono est liée à une génération à la recherche de nouvelles sensations.
Ceux qui ont importé le " single ski " des Rocheuses, ceux comme Jean-Paul Frechin ou Fred Vaillant qui ont construit les premières planches skiables, c'est une histoire de coeur, d'enthousiasme, de délires.
C'est l'histoire de l'artisanat émancipé des marques et de l'engineering relégué au loin dans un champ de poudre. Les acharnés ne redoutaient pas de mettre la main à la patte pour construire l'arme idéale et des merveilles sont apparues comme le BeBop, mono sur mesure, affiné par une taille de guêpe au cordeau. L'époque était électrique, rock'n roll. On inventait des courses.
Les Arcs étaient le spot d'entre les spots. Des compétitions tel le Mémorial Joël Gery, à Chamonix, devenaient le point de ralliement des révolutionnaires hirsutes. Les gerbes asociales de chevelus bariolés de couleurs fluos s'imprimaient dans nos esprits à travers l'apparition des films de glisse. Le ski devenait plus sauvage et plus inventif. Grâce à l'image, le message se répandait comme une traîné de poudre. La montagne recelait un joyau inestimable, une sensation de légèreté et de liberté qui magnifiait la vie.
La glisse était en marche, décidée à nous fanatiser.
Trace directe

Aujourd'hui, le mono s'est scratché.
Les snowboarders et les skieurs ont pris le relais et la glisse est demeurée devise. Les fringues ont continué à représenter l'esprit. L'image s'est imposée. Tout cela est né dans le sillage de l'idylle entre l'homme et la pente, celle que le mono a grandement contribué à nous faire découvrir.
Mais, une question reste en suspend, pourquoi a t'il subitement disparu ? Une disparition brutale qui a fait naître un mythe mais nous a laissé un peu groggy sur le bord des pentes.
Sa pratique était-elle trop subtile ? Ses points d'appuis trop délicats pour les premières générations d'obèses ? Le téleski devenait un exercice périlleux et, sur la piste, le carre avant s'amusait à vous faire partir à cul dans une glissade intraitable.
Pourtant, si l'on savait l'apprivoiser et répartir correctement le poids sur la perpendiculaire, les sensations devenaient divines et transformaient son cavalier en véritable dompteur des neiges. Mais ça, il n'y a plus que quelques téméraires ou certains anciens, ceux qui osent ressortir les planches du garage, pour y goûter.
Arborescence de la courbe

Il arrive de croiser un de ces valeureux escogriffe lors des derbys ou des fermetures.
Trimbalant son engin d'un autre âge au milieu d'une meute de snowboarders baggys et de freeriders suréquipés, il déambule à travers les sarcasmes des plus jeunes et la nostalgie des anciens. Il se dissimule parmi la foule, se fait oublier et débarque tranquille tandis que les gremlins se marchent les uns sur les autres pour aller " trasher " la vierge. Son allure est souple et un brin nonchalante.
Frère de David Caradine, il se déplace en frôlant l'espace, ses chaussures ne grincent pas. Il passe devant quelques touristes sur le point d'enfler devant le merveilleux paysage. Il se faufile jusqu'aux pentes tel un disciple Shaolin.
Et là, soudainement, il disparaît dans un souffle. Sa trace s'évanouit dans d'immenses courbes, sa vitesse est prodigieuse. En un éclair il est aspiré par le dénivelé. Il plane, il vole dans des sillons féeriques et chevauche, tel un démiurge des temps modernes, l'immensité cristalline. Il s'évanouit, absorbé par l'horizon pâle et ne réapparaît que beaucoup plus bas, seul sur sa monture éreintée.
Composite étrange dans un monde baroque, monoskieur tu es magicien. "

dixit http://www.skipass.com/forums/sports/sports_hiver/sujet-72157.1442079.html#1442079

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